Oser prendre ses responsabilités pour vivre sa vie.

Si mes enfants n’était pas si petits”

“ Si mon mari travaillait moins je ferais plus de choses.”

“S’il y avait moins de pression au travail, je serais plus détendue”.

“ Si on ne déménageait pas si souvent, je pourrais avoir un vrai job.”

Que de vérité dans tous ces constats que nous avons toutes soupiré, un jour ou l’autre. 

Mais attention. Ces constats ne sont pas toujours les prémices d’une saine révolte. Manifester un sentiment d’impuissance peut aussi être une façon d’attirer l’attention sur soi, pour que l’on prenne soin de nous, et de trouver une bonne raison d’éviter de prendre ses responsabilités.

Le triangle de Karpman, dit « triangle dramatique » , modélisé par le psychologue américain Stephen Karpman, nous montre les enjeux de cette posture fondamentalement passive, souvent acquise dans l’enfance.

Pour illustrer le propos, un petit exemple tiré du film “oui, mais…”  😉 

Comment sortir de cette posture de victime?

Pour sortir du rôle de la victime, il faut se forcer à prendre un peu de recul pour changer d’angle de vue tout en prenant de la distance sur soi.

Ce mouvement de retrait et d’observation, c’est la première étape pour reprendre les choses en mains. Il permet de comprendre et déterminer quelles sont nos pensées et nos émotions, indépendamment de l’influence de notre entourage, d’autant plus influente que nous n’en sommes pas conscientes. 

Pour illustrer cette idée, prenons le cas de Viktor Frankl. Comparaison n’est pas raison : nous sommes loin d’être confrontées à la situation extrême qu’il a connue. Mais celle-ci reste riche d’enseignements pour nous.

Psychiatre et juif, déporté dans les camps de la mort pendant la seconde guerre mondiale, Viktor Frankl a pris conscience d’une chose capitale : en dépit de toutes les humiliations, de toutes les pressions morales et physiques, de toutes les souffrances insupportables qu’il devait endurer, il détenait une liberté qu’aucun de ses geôliers ne pouvait lui ôter: la liberté de choisir.

Entre la violence reçue et sa propre réaction,  il n’y a pas d’immédiateté et donc pas de fatalité. Il était condamné à l’emprisonnement, mais pas à la déshumanisation, pour autant qu’il s’en donnait les moyens. Ses pensées étaient conscientisées, interprétées et replacées dans l’échelle de valeurs qu’il voulait préserver de son identité. Il pouvait ainsi décider de ce que serait son vécu intérieur. Avec ses co-détenus, il faisait appel à l’imagination et au sens esthétique, à la conscience et au sens de l’éthique pour trouver un sens à leurs souffrances et retrouver ainsi leur dignité en s’appliquant à réagir avec humanité, et non de manière animale.

Choisir ou subir ?

Toutes proportions gardées, cet exemple nous donne toutefois des pistes importantes, car ce qu’il nous démontre par les conditions extrêmes vécues par Viktor Frankl, c’est qu’il n’est pas question d’être un surhomme (ou une wonderwoman!) : cette force n’est pas innée, c’est le fruit d’une prise de conscience (et de distance) et d’une pratique quotidienne.

Cela ne résout bien sûr pas tous les problèmes. Ce n’est pas cette force intérieure qui a fait sortir Viktor Frankl de sa cellule. Ce n’est pas notre volonté intérieure qui fera que notre conjoint rentrera plus tôt, que les enfants grandiront plus vite, que notre projet pro décollera.  En revanche, cette attitude nous aidera à déterminer quelle réponse nous voulons apporter à ce qui nous arrive, et comment nous comptons y faire face en reprenant l’ascendant, sans subir les aléas de la vie. 

Viktor Frankl écrira plus tard:

La vie interroge chaque homme ; et chaque homme ne peut répondre à la vie qu’en répondant de sa vie;  à la vie, on ne peut répondre qu’en se montrant responsable.”

Certes, mais comment user de notre responsabilité dans notre vie quotidienne?

  • D’abord, commençons par accepter de ne pas tout contrôler, et cessons d’attendre des autres qu’ils prennent soin de nous. Notre bonheur dépend de nous. Ce n’est pas tant l’évènement en lui-même (par exemple votre mari qui passe sa vie au boulot) qui est douloureux mais la façon dont on l’interprète (« il ne pense pas assez à moi » « je ne suis pas  sa priorité ») et dont on y répond (« je choisis de profiter de ce moment pour faire quelque chose qui me plait, je lui demande d’en discuter »). Ainsi nous ne reprenons pas le contrôle du fait, mais de l’interprétation du fait, de son impact sur notre état d’esprit et de la réponse que nous y apportons. Ce faisant nous ne sommes plus soumises aux aléas extérieurs mais redevenons actrice de notre vie.
  • Prenons la mesure de notre responsabilité. Stephen R covey, célèbre coach américain, écrit dans Les 7 habitudes de ceux qui réalisent tout ce qu’ils entreprennent:

“ tant qu’un individu n’a pas eu la force de se dire honnêtement qu’il est aujourd’hui ce qu’il est à cause des choix qu’il a fait hier, et tant qu’il ne s’en persuade pas profondément, alors il se trouve dans l’incapacité de choisir autre chose”. 

Cette sentence nous invite fortement à nous mettre face à nos responsabilités. Si nous en sommes là, c’est aussi parce que nous avons laissé faire. Par le rythme effréné du quotidien, par lassitude, mais surtout parce que nous en avons rarement conscience !

En intégrant cela, en nous plaçant à distance, nous pouvons redevenir “proactive”, et commencer ainsi à faire évoluer notre quotidien. 

Quelques pistes concrètes:

  1. Définir un cap: prendre le temps de noter quelle femme, mère, épouse, professionnelle je veux incarner? 
  2. Déterminer les situations dans lesquelles je me sens frustrée ou impuissante
  3. Identifier les pensées et émotions qui y sont associées
  4. Mettre des mots sur mes besoins sous-jacents
  5. Oser faire des choix au regard du cap que j’ai défini et non en fonction des (désirs) autres

Ce chemin de transformation peut être fastidieux. Quand cela fait trop longtemps qu’on n’ose plus s’affirmer et dire ce que l’on pense, il peut être nécessaire de se faire accompagner.

Veux-tu en parler?

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